La guérison du féminin sauvage
RITUEL : « Quand on perd sa peau »
Extrait du « manuel de rituels de femmes pour s’éveiller au féminin sauvage »
Isabelle Gueudré & Catherine Maillard
Le courrier du livre
Parfois, il arrive que nous allions trop loin et que nous dépassions certaines limites. Alors peut nous venir le sentiment que nous allons y laisser notre peau. Une métaphore, bien sûr. Toutefois ce signal est à prendre en compte. Il provient de notre dimension sauvage, nous alertant d’un réel danger. Dans le très beau conte inuit Peau de phoque, peau d’âme, une femme phoque quitte « sa peau » pour aller sur terre. Après une promesse non tenue de l’homme qui lui a dérobé sa peau et qui ne veut plus la lui rendre, elle sombre petit à petit dans un état où sa vue se brouille, ses rondeurs fondent, sa marche devient claudicante et hésitante. Symboliquement, ce conte nous invite à nous relier aux moments dans notre vie personnelle où l’on a la sensation que notre peau a été dérobée.
Une personne peut avoir mis la main dessus, volant notre vitalité et aliénant notre part sauvage. Toutefois, en lui donnant ce pouvoir, nous sommes également responsables en nous enfermant dans un schéma de vie toxique, nous étiolant petit à petit. Ce conte nous invite à regarder comment, dans notre vie, on peut se laisser dériver jusqu’à l’épuisement, jusqu’à un état critique où l’énergie ne circule plus, la sensation d’être plombée, étouffée, ratatinée, coupée de ses désirs, avec l’impression de ne plus avoir ni d’espace, ni de temps pour soi. Si vous commencez à sentir que votre compagnon, vos enfants, votre chef, vos collègues et vos propres exigences liées à l’image de la mère parfaite ou de la superwoman sapent votre énergie, il est certainement temps de faire un arrêt sur image. Quand la sensation de traverser un désert, ou de ne pas voir le bout du tunnel domine, faites un stop !
Sinon, l’âme de la femme sauvage s’étiole, dépérit et meurt petit à petit. Quand on fait le constat que l’on commence à perdre sa peau, inutile de se juger. Il existe toujours la possibilité d’en tirer une leçon… Se poser est important, dans une solitude choisie. Le moment est venu de vous respecter, de prendre soin de vous.
INTENTION DU RITUEL
Se réparer lorsqu’on a dépassé ses limites.
TEMPS
1 heure environ, et prévoyez un temps d’intégration ensuite.
PRÉPARATION
Pour ce rituel il vous faut une grande feuille de papier (type format raisin ou feuille de paper-board). Choisissez des feutres, des crayons, des pastels, et des gouaches si vous en avez envie. Placez aussi près de vous une paire de ciseaux, votre cahier et des magazines et revues à découper. Prenez une bougie de couleur rouge qui évoque la force et la vitalité. Votre talisman.
OUVERTURE DE L’ESPACE SAUVAGE
Délimitez votre espace sauvage en traçant un cercle imaginaire, placez devant vous un talisman qui vous inspire le sauvage. Asseyez-vous en vous connectant avec votre bassin, sentez le sol sur lequel vous pouvez vous déposer en confiance. Prenez une grande inspiration en ouvrant l’espace au rituel qui suit.
LE RITUEL
Il est essentiel de se reconnecter au flux de la vie qui circule au plus profond de vous. Et lorsque la sensation de perdre sa peau émerge, le ressenti de ce flux peut paraître difficile.
1ère étape :
Placez votre attention au niveau de votre sexe, contractez votre vagin et sentez le flux de l’énergie qui circule et remonte au niveau du cœur. Ressentez le flux de vie circuler au plus profond de vous, comme une rivière souterraine. Recommencez plusieurs fois en contractant et en décontractant votre vagin. Une circulation d’énergie va se mettre doucement en place. Goûtez comme cela est agréable, chaud, savoureux et vivant. Laissez le centre de votre grande feuille de papier libre et sur l’espace restant, tracez des cercles de différentes couleurs à l’intérieur desquels vous allez noter des mots en lien avec vos sensations, émotions de cet état de « ras-le-bol ».
Comment vivez-vous le fait d’avoir l’impression de « perdre votre peau » ? Contactez vos émotions, entrez dans votre sensation corporelle, prenez le temps de plonger à l’intérieur de vous, accueillez tout ce qui vient, vos peurs, comme vos colères de vous être laissée « voler votre peau ». Laissez émerger les sensations qui symbolisent votre état physique, émotionnel, mental, spirituel, sexuel. Est-ce une chape de plomb sur votre poitrine ou bien l’estomac qui est noué, ou une peur qui transperce votre abdomen, ou la tête qui va exploser ? Dansez, chantez, nommez ce que vous ressentez. Libérez votre énergie !
2e étape :
Allumez votre bougie en conscience. Elle représente votre flamme, votre vitalité, votre ardeur, votre énergie, votre puissance sauvage. Choisissez dans des magazines des photos ou des mots qui représentent pour vous le lien avec la femme sauvage quand elle exprime sa pleine puissance. Restez un moment à sentir la louve, la Terre mère sous vos pieds, l’énergie qui pulse dans votre ventre, les battements de votre cœur, sentez la vie qui palpite dans vos veines, poursuivez votre sélection, non pas avec votre tête, mais vos tripes.
3e étape :
Revenez à la grande feuille et au centre, faites-y un collage avec ces photos. Au centre : c’est votre centre, votre axe, l’arbre en vous qui vous relie à la Terre et au ciel. La périphérie n’est que la périphérie : elle varie, mais votre centre, lui, est toujours présent, il reste inchangé. C’est votre base, votre ancrage.
4e étape :
Accrochez votre création au mur et prenez le temps de la regarder. Puis mettez-vous debout et, symboliquement, imaginez tenir une épée de guérison en étant en lien avec votre souffle et vote ancrage au sol. Les jambes écartées de la largeur du bassin, sentez la Terre qui vous soutient et sentez l’énergie qui vibre à travers votre corps.
Branchez-vous sur votre respiration, amplifiez-la et laissez sortir des sons. Puis coupez d’un geste franc et puissant vos sensations et émotions rattachées à l’impression de perdre votre peau. Regardez les mots que vous avez écrits, cela peut vous inspirer. Cet acte symbolique vous aidera à reprendre votre pouvoir, votre puissance de femme sauvage et votre vitalité.
CLÔTURE DU RITUEL
Restez en contact avec vos sensations corporelles après avoir « tranché » symboliquement ce qui représente pour vous le fait de « perdre sa peau ». Laissez venir, en lien avec la sensation corporelle, quelques mots ou des couleurs qui symbolisent le fait de dire : « Non, plus jamais je ne dépasserai mes limites jusqu’à “perdre ma peau” », et confiez-les à votre cahier. Votre nouvelle intention est : « Je vais apprivoiser mes limites, apprendre à les connaître ou à les reconnaître, et me respecter en disant non quand cela est nécessaire. » Comment votre corps est-il habité à présent ? Cette force, cette puissance que vous croyiez avoir perdue, sentez où elle se situe, même s’il lui faut du temps pour se reconstituer.
APRÈS LE RITUEL
Votre collage peut devenir votre ami, gardez-le autant de temps que nécessaire et revenez lui rendre visite si votre peau a tendance à perdre de son éclat de nouveau. Si vous sentez que votre peau est à nouveau un peu terne, que vos griffes ne sont pas assez résistantes, que votre énergie n’est pas assez bondissante, réitérez autant de fois que nécessaire ce rituel. Dans n’importe quel contexte de votre vie, vous pouvez vous reconnecter à ces forces vives, à ce côté sauvage qui est en vous.
Danse quand tu as été brisé
Danse quand tu as arraché tes pansements
Danse au milieu du combat
Danse dans ton sang
Danse quand tu es totalement libre.
Rûmi